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rose suite

Le deuxième homme gisait par terre, une mauvaise blessure au crâne.
Rose courait, courait à travers la sombre forêt. Elle ne savait pas vers où mais elle y allait de tout son cœur. La jeune femme trébucha souvent dans l’obscurité. Les cris de rage de l’autre homme se rapprochaient à tout allure. Alors qu’elle regardait derrière elle, son pied buta contre une racine et elle s’affala de tout son long, à quelques mètres à peine d’un gouffre profond.
- Cours, petite gazelle, court ! De toute manière, tu ne m’échapperas pas !
La jeune femme essayait de réfléchir mais sa tête était vide. Soudain, un bruit de bottes la rappela à la réalité. L’homme arrivait vite. Elle lui lança de la terre au visage. Aveuglé, le bandit termina sa course au fond du ravin. Rose se releva et clopina jusqu’à la corniche. Même les rayons de la lune ne pouvaient percer les ténèbres de l’abîme.
- Aide-moi !
Rose tressaillit.
- Aide-moi !
Rose scruta la nuit autour d’elle. Un mouvement à droite de ses pieds attira son attention. L’homme avait réussit à s’accrocher à une racine.
- Eh petite ! N’aie pas peur, si tu m’aides, j’te ferai pas de mal.
- C’est ce que vous vouliez tout à l’heure.
- Ouais c’est vrai, mais depuis la situation a changé et ahhh !
Rose s’agenouilla sur le rebord de la corniche. Un souffle venu des profondeurs tentait d’aspirer le bandit qui s’accrochait désespérément à sa racine.
- Allez, donnez-moi votre main !
Penchée au-dessus du vide, la jeune femme se concentra sur le bras que lui tendait l’homme pour oublier sa peur du vide. Elle risquait sa propre existence pour arracher sa proie à l’abîme. Ils faillirent tomber tous les deux plusieurs fois. A bout de souffle, ils s’effondrèrent sur le sol. Se rappelant qui se trouvait à ses côtés, Rose rampa à bonne distance de lui.
- Tu sais, mignonne, dans l’état où je suis, je ne pourrais pas te faire grand mal.
Sa jambe droite était cassée. Il s’appuya sur un coude, son visage grimaça un sourire.
- Allez, dépêches-toi de filer.
Rose se releva et s’en alla après une seconde d’hésitation. A son cou, une nouvelle perle apparut à l’extrémité d’un des pétales.

Rose marchait depuis des jours et toujours rien ni personne à l’horizon. Ses pieds s’enfonçaient dans la neige, sur ce chemin de montagne. Sans aucune protection que ses seuls vêtements légers, le froid mordait sa chair. Elle avait réussi à survivre en se nourrissant des rares baies et racines qu’elle trouvait. Hélas, de ses maigres réserves, il ne restait presque rien. La faim la tourmentait. Elle continuait d’avancer malgré tout. Elle ne savait ni vers où ni pour combien de temps et encore moins dans quel but elle devait poursuivre sa route. Le désespoir envahissait progressivement son cœur pour embraser sa poitrine lorsqu’une tempête de neige s’abattit sur elle. Petite brindille perdue dans ce désert de glace, Rose n’apercevait ni maison, ni village, rien excepté cette maudite route. Soudain, la jeune femme aperçut, malgré les flocons qui l’aveuglaient, une ouverture dans la roche. Une grotte ?
- J’espère que les lieux ne sont pas déjà occupés.
Rose entra avec précaution dans la minuscule caverne. Un peu de paille et quelques brindilles étaient éparpillées mais pas d’ours dans les parages. Elle s’installa dans un recoin, à l’abri du vent glacial. Rose frictionna sa peau rougie pour réactiver la circulation sanguine.
- Je donnerai n’importe quoi pour être chez moi.
Mais reverrait-elle seulement un jour sa maison ?
- Eh ! Eh ! P'tite madame, t’aurais pas une p’tite place pour moi ?
La jeune femme bondit en poussant un cri. Quelque chose de velu et aux griffes pointues avait grimpé dans son dos et s’était niché dans ses cheveux au creux de sa nuque. Prise de panique, Rose attrapa la bestiole et la jeta par terre.
- Aïe ! Ouille ! Fais gaffffe ! Ca fffait mal ça !
Rose ouvrit de grands yeux. Ca y est, la folie qu’elle redoutait tant était arrivée. L’animal ressemblait à un gros écureuil. Il frottait son postérieur, une de ses pattes arrière saignait.
- Tu parles ?
- Ben ouais ! Qu’est-ce tu crois ?
- Tu es blessé ?
Rose tendait la main lorsque son estomac produisit un gargouillis qui résonna dans la grotte. L’animal recula un peu, il observait l’humaine et la tempête dehors.
- Eh ! Tu vas pas me manger, dis hein ? Tu sais en dessous des poils y a rien à croûter, tu sais hein ?
Rose se rassit et esquissa un sourire. Le premier depuis longtemps.
- T’es jolie ! Pas me manger, hein !
- Tu es trop mignon, comment je pourrais te tuer ? ... Même si je meurs de faim. Montre-moi ta blessure.
Rassuré, le rongeur s’approcha et lui tendit sa patte.
- Tombé sur gros rocher coupant.
Rose détacha le ruban qui retenait sa chevelure et pansa le petit animal. De ses doigts engourdis, elle décrocha de sa ceinture le petit paquet qu’elle avait fabriqué avec son mouchoir.
- Je n’ai pas grand chose. Quelques noisettes, des mûres sauvages et une pomme.
L’écureuil dévorait du regard le contenu du mouchoir. Rose s’en aperçut.
- Tu veux une noisette ?
- Je peux ? Oui ? Je peux, vrai, hein !
La jeune femme donna le fruit au petit animal qui vint se nicher sur ses genoux.
Elle sourit. Il était trop mignon. Elle mangea les mûres et garda la pomme. Une scène de son enfance revint alors à sa mémoire. Elle confiait ses secrets à une peluche. Un jouet ne pouvait pas la trahir.
- Je m’appelle Rose.
- Pip, je m’appelle Pip. Hum ! C’est bon hein ! Tempête bientôt finie.
- Je l’espère...
La jeune femme appuya sa tête contre la roche et ferma les yeux. Elle était si fatiguée, affamée, désespérée. Tout son corps n’était que souffrances et son âme... son âme... Rose voulait juste que tout s’arrête. Une douce torpeur l’enveloppa dans son linceul, à l’abri de la morsure du froid et des affres de la faim. Rose était de retour chez elle. Un feu réconfortant brûlait dans la cheminée. Son chat Frodon ronronnait sur ses genoux. Sa musique préférée sortait des haut-parleurs de sa chaîne hi-fi. Elle se sentait si bien. Au paradis. La douleur envolée.
- Eh ! P’tite madame ! Eh fffaut pas dormir !
- Aaaiie !
- Désolé ! Rose pas fffâché contre Pip ! Rose pas dormir ! Hein ? Hein !
Le pouce droit de la jeune femme portait la trace de deux petites incisives. Pip la regardait avec ses grands yeux brillants.
- Tu as raison. Ce n’est pas prudent.
- Plus de tempête dehors.
Elle se leva. Ses jambes tremblèrent sous l’effort. Pip s’installa au creux du cou de Rose, emmitouflé dans ses cheveux. Malgré son estomac vide, elle n’aurait pas pu se résoudre à manger l’espiègle écureuil. La jeune femme poussa un profond soupir. “Qui vivra verra ! ”
- Allez courage !
La tourmente avait laissé place à un ciel parme plus clément. Une nouvelle perle apparut sur le dernier pétale du pendentif.

Une route, large et dégagée, traversait maintenant une vallée verdoyante. Un joyeux soleil brillait dans le ciel. Grâce à Pip, Rose mangea des champignons croquants au déjeuner. Elle en dévora trop et trop vite. Son estomac qui n’avait plus l’habitude resta barbouillé pour le reste de la journée. Pip sur l’épaule, la jeune femme goûta à un bonheur bien mérité après tous ces jours horribles. L’air embaumait et des chants d’oiseaux charmaient ses oreilles.
- Oiseaux, miam ! Nourriture. Plus avoir faim, hein !
- C’est vrai, de l’Enfer nous sommes tombés au Paradis.
“J’espère que ça va durer” pensa Rose pour elle. Soudain, Pip renifla bruyamment.
Rose le caressa avec un doigt.
- Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Mauvaise odeur. Pas bon, pas bbbon !
Tout à coup, un grand cheval jaillit d’un chemin juste devant elle. Il se cabra et ses sabots frappèrent le sol à quelques centimètres de ses pieds. Pip tomba sur le goudron. Le cavalier masqué attrapa Rose et la jeta en travers de sa selle avant de repartir au galop. La scène n’avait duré que quelques secondes. Ballottée et nauséeuse, Rose se demandait quand son supplice prendrait fin. L’étalon filait comme le vent. La jeune femme gardait les paupières fermées et les mains crispées sur la jambe de son kidnappeur. Pip non plus n’osait pas ouvrir les yeux. Pourquoi s’était-il accroché à la queue du cheval ? Petit à petit, l’écureuil s’approcha de la selle et commença à ronger la sangle.
Le sang montait à la tête de Rose qui souffrait de cette position inconfortable. Où cet inconnu l’emmenait-il ? Peut-être au bout du voyage ? Elle essaya d’apercevoir le regard sous le masque sombre de l’homme. Ce qu’elle vit la glaça jusqu’aux os. La mort l’attendait si elle restait avec lui, elle en était persuadée. La pensée de sa fin prochaine s’insinuait dans son cerveau depuis plusieurs jours. Elle ne savait comment l’expliquer. La fatigue ne gangrenait plus seulement son corps physique mais aussi son esprit. Oui mais comment s’échapper ? En contrebas, une rivière les accompagnait. Elle cherchait une solution lorsqu’elle se sentit tomber. Rose roula le long d’une pente. Sa chute lui parut durer une éternité. Lorsque tout s’arrêta, elle n’était que plaies et bosses.
- Ouille ! Mes aïeux ! Je ne suis pas morte ?
Puis elle se rappela son ravisseur et jeta des coups d’œil inquiets autour d’elle. Elle aperçut son corps plus loin au bord de l’eau claire.
- Aïe ! P’tite Rose contente de Pip, Hein ?
L’écureuil s’approchait en clopinant, mais ravie de son travail.
- C’est toi qui m’a libérée.
- Ouais !
Et le petit rongeur bomba le torse de fierté.
- Ce ssssale bonhomme, y bouge plus.
- Ne t’inquiète pas, Pip, je vais aller voir.
Rose n’était pas du tout rassurée. Chaque parcelle de son corps n’était que souffrance et son instinct lui dictait de s’enfuir en sens inverse. Avec prudence, elle avança vers le corps inanimé.
- Il y a du sang. Je crois qu’il s’est assommé sur cette grosse pierre.

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